La Banque de Cerveaux de Genève, présentation
https://archimed.unige.ch/fr/blog/brainbiobank-en
Créée au début du XXe siècle, est l’une des plus grandes de son genre en Europe, préservant plus de 10 000 cerveaux, présentant diverses pathologies. Ils proviennent d’autopsies médicales réalisées aux Hôpitaux Universitaires de Genève et pour lesquelles un consentement a été donné pour conserver les tissus à des fins de recherche. Au fil des décennies, elle a été une ressource précieuse pour l’étude des maladies du cerveau, telles que la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la neurosyphilis, la démence frontotemporale ou la maladie de Huntington. En plus des échantillons de cerveaux fixés au formol, cette vaste collection comprend plus de 200 000 coupes de tissus colorées, plus de 100 000 blocs de tissus inclus en paraffine et, surtout, des rapports de diagnostic pathologique et des dossiers cliniques. La taille, la qualité et la profondeur historique de cette collection lui confèrent une valeur unique pour la recherche. Sa préservation et sa conversion en une banque moderne de cerveaux est toutefois confrontée à des défis majeurs.
Le premier est la pertinence des échantillons de tissus anciens pour la recherche moderne. La taille et l’âge de la collection (le premier échantillon date de 1901) permettent de mener des recherches sur des troubles rares ou présumés éteints, sur l’évolution des maladies au cours du temps et sur le rôle de l’environnement dans leur développement, ce qui est difficile, voire impossible à réaliser sur une banque de cerveaux plus récente ou de plus petite taille. Si la valeur scientifique de la collection est évidente, la capacité à y effectuer des recherches biomédicales modernes est mise en question. Le recours à des méthodes neurobiologiques de pointe telles que l’immunofluorescence multiplexée, la transparisation des tissus, la microscopie par expansion, l’hybridation in situ ou le séquençage profond de l’ADN et de l’ARN est ainsi nécessaire, ce qui requiert leur adaptation aux tissus anciens.
Le deuxième défi est la mise à disposition des chercheurs des données de la banque de cerveaux. Cela implique la numérisation des documents écrits et des lames histologiques et leur intégration dans une base de données dotée d’un outil de recherche permettant des recherches sur les différents types de données. Cet effort est maintenant rendu possible par les progrès de l’intelligence artificielle (IA).
Dans l’ensemble, la combinaison d’outils d’analyse automatisés basés sur l’IA et de techniques neurobiologiques avancées permet d’augmenter le potentiel pour la recherche de la banque de cerveaux. Cela est également vrai pour de nombreuses archives de tissus anciens issues de l’activité clinique conservées dans le monde. Le projet ArchiMed, associant la banque de cerveaux de Genève et l’Archive de tissus pathologiques de l’Université de Strasbourg a ainsi pour but de développer les outils nécessaires à la valorisation des archives de tissus et de démontrer l’efficacité de cette approche pour la recherche sur les maladies contemporaines et émergentes.
Pour aller plus loin :
1- Kovari et al. 2012, Ann N Y Acad Sci
2- Infrastructure européenne de recherche consacrée aux biobanques